Pour l'amour de Beyrouth
4 août 2020, 18h07. L'air du soir est rose et doux, à Beaunes. Il y a les rires impatients des enfants, la balade joyeuse qui s'annonce. Le téléphone qui vibre. Une alerte. Quelque chose s'est passé dans le monde. Le mien. Le nôtre. C'est à Beyrouth, et dans mon cœur, déjà, ça fissure un peu.
Il me faut la voix de ma mère au téléphone. Entendre aux tremblements de sa voix si tout va bien, mes tantes, mes cousines, l'entendre dans son léger accent mélodieux. Si c'est vraiment grave, elle le saura.
Mais sa voix se perd dans l'image projetée par la télévision. Toutes les fenêtres du monde ont tremblé, tous les cœurs des libanais se sont brisés quand ça a explosé.
Et de ce pays qui m'est si proche même dans notre absence l'un à l'autre, j'ai pleuré la perte et la douleur injuste.
Mais la lumière quand elle est belle ne s'éteint jamais. La voix du Liban s'élèvera toujours au-dessus des décombres. Brisée, peut-être, comme éraillée et abîmée. Brisée, comme le chant d'une mère qui sourit même après avoir tant pleuré. Mais brillante jusque dans ses cicatrices.
Pour l'amour de Beyrouth. Évidemment.
Pour l'amour de Beyrouth, collectif, éditions Fayard, 18/11/2020, 198 pages, 15 €