Podcasts Des gens qui lisent - Saison 2
Découvrez notre Podcast Des gens qui lisent, Dans la bibliothèque des écrivains. Des autrices et des auteurs se racontent à travers leurs livres, ceux qui les accompagnent, ceux qu'ils aiment, qui les ont fait grandir...
Dans la bibliothèque de Fabrice Melquiot
C'était un lendemain de fête. Un matin chaud dans un café, avec un ami de longue date. J'écris de longue date mais ce n'est pas exactement la vérité. Il se trouve que j'ai rencontré Fabrice Melquiot il y a très longtemps.
A l'époque, je faisais mes gammes au Théâtre de la Commune à Aubervilliers (la vie avant la librairie). Lui, il écrivait, déjà. Du théâtre, de la poésie, des chansons. Je recopiais des passages entiers de ses pièces dans mes carnets.
Alors quand, 20 ans plus tard, j'ai vu son nom sur la couverture d'un roman, à paraître chez Actes Sud à la dernière rentrée littéraire, je me suis plongée dedans et je n'ai pas pu m'empêcher d'Ecouter les sirènes.
Comme avec un ami de longue date, avec qui la conversation semble s'être arrêtée la veille alors que des années nous séparent du dernier rendez-vous, j'ai tout retrouvé de lui. La musique, le théâtre, la poésie. Le geste d'écriture lancé au loin et qui nous embarque avec lui, la patience jusqu'à la résolution, les fidélités et les cercles de vie qui reviennent et tourbillonnent pour créer celui ou celle que l'on devient.
Fabrice est venu raconter son livre à la librairie, et, le lendemain matin, nous avons partagé un café dans un endroit qu'il aime depuis longtemps.
Nous avons parlé de lecture, et surtout d'écriture, de ce geste qu'on fait et qui invente le monde, qui reprend sans cesse, qui tisse sur le métier les fils qui nous constituent. Nous avons parlé des premières histoires d'amour et des premiers livres, des histoires du passé et des livres qui s'écrivent.
Et puis j'ai compris à quel point tout cela était lié, serré dans nos bras qui embrassent toujours les mêmes rêves, les mêmes obsessions, les mêmes obstinations. J'ai compris que nous sommes peut-être ce que nous écrivons, et que seule notre concentration face à notre page blanche, nous donne la direction dans ce tourbillon de la vie.
Vous entendrez Fabrice parler de son rapport passionnel aux mots, et vous ne pourrez pas retenir une larme en entendant l'une des plus belles lectures que j'ai eu la chance d'écouter pendant tous ces enregistrements.
Ce podcast est à écouter en souvenir de la jeune personne que l'on était et que l'on est toujours au fond de soi, en cornant les pages de son livre pour les recopier plus tard, ou en les oubliant pendant 20 ans pour les retrouver devant un café chaud, un matin de septembre.
Dans la bibliothèque de Frédéric Paulin
Ne vous fiez pas aux apparences : derrière sa longue silhouette et ses romans noirs, Frédéric Paulin cache une gentillesse et une douceur désarmantes. De notre 1ère rencontre, je me souviens très bien, comme de tout ce qui a la couleur de l'évidence.
C'était l'ouverture de la librairie, et son éditeur, Sébastien Wespiser des éditions Agullo, m'avait mis entre les mains ce livre, La Guerre est une ruse. 1er tome d'une trilogie et 1er livre d'une série de rendez-vous auxquels je répondrai toujours présente. Jusqu'au dernier, cet été. Nul ennemi comme un frère.
Ce titre magnétique m'a fait pleurer dès les premières lignes. Parce qu'il s'agit du Liban, de ses guerres, de sa complexité, son incompréhensible complexité.
Pour en parler, il va puiser à la source, et il tisse, détisse, fait défiler à la barre les nombreux témoins de cette histoire. Même ceux qu'il invente. Parce que c'est tout de même de ça, dont nous parlons aujourd'hui. De la force de l'invention, des histoires qui nous révèlent à nous mêmes.
Assis à une table du café L'Atlantique, nous étions à Rennes et à Paris, dans les souvenirs de l'enfance et dans l'ici et maintenant. Il m'a raconté avec beaucoup d'émotion les livres de sa vie, la femme qui l'accompagne, les chemins de sa bibliothèque. Nous avons parlé de La Guerre des Boutons et d'un Baron perché, de Sa Majesté des mouches et de ces héros qui nous font rêver, enfant, caché au fond de la classe.
Ce podcast est à écouter en pleine nuit, avec une lampe frontale, aux premières lueurs de l'aube, en buvant un café, pour ce petit garçon qui ne savait pas ce qu'il voulait faire de sa vie et à qui un livre a montré la route, avec son amoureuse ou en attendant un train pour l'Ouest, où qu'il soit ; à écouter toujours en route vers un ailleurs.
Frédéric Paulin sera à la librairie jeudi 5 décembre à 19h pour parler de son livre. Ne ratez pas ce moment. Merci pour ce chemin, qui a commencé il y a presque 7 ans.
Une partie de sa sélection
*Une histoire du conflit politique, Thomas Piketty et Julia Cagé
*L'Etranger, Albert Camus
*La Guerre des boutons, Louis Pergaud
*Le Baron perché, Italo Calvino
*Sa majesté des mouches, William Golding
*Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline
*Les Bienveillantes, Jonathan Littell
*Vie et destin, Vassili Grossman
Dans la bibliothèque de Charles Roux
Ceci est un souvenir, ou le début d'un nouveau roman. Après l'enregistrement de cet épisode, nous avons déjeuné ensemble, et il m'a raconté qu'un jour, une femme, dont il était tombé amoureux, lui avait envoyé un livre, par la Poste.
C'était une histoire impossible, perdue d'avance, et ce livre était comme un cadeau d'adieu, dont il se souviendrait toujours. C'était Soie, d'Alessandro Baricco, ce livre sublime sur l'absence, la perte, et l'amour infini. Le livre était habillé du parfum de cette femme, et de quelques fleurs.
Je vous le raconte parce que cette confidence n'est pas dans l'épisode que vous entendrez. Elle n'existe plus que sur cette page, entre vous et nous. Charles Roux a mille livres en cours, mille livres en tête, des histoires qui le portent toujours vers plus d'aventures et vers toutes ces vies qu'offre la lecture.
30 minutes d'épisode ne suffisent pas pour le raconter. N'en reste que quelques traces, quelques lignes, des souvenirs de ce que nous avons lu, de ceux et celles que nous avons aimés.
Il y avait des enfants qui jouaient au bord du bassin du Jardin du Luxembourg, des rayons de soleil qui passaient timidement à travers le palmier au-dessus de nos têtes. Et des bibliothèques, immenses, encore à inventer.
Ce podcast est à écouter au bord de l'eau, en se souvenant de l'enfant qui dort encore au fond de nous, en tenant la main à son amoureux sur un banc abandonné, en souvenir de cette femme au livre parfumé, ou dans un train vers un ailleurs ou un piano enneigé, qu'on ne sait pas encore vouloir rencontrer.
Une partie de sa sélection :
*Le Désert des Tartares, Dino Buzzati
*Madame Bovary et Bouvard et Pécuchet, Gustave Flaubert
*Frankenstein, Mary Shelley
*Martin Eden, Jack London
*Le Château des Carpathes et Le Rayon vert, Jules Verne
*Soie, Alessandro Baricco
*Adolphe, Benjamin Constant
*Le Malade imaginaire, Molière
*La Ferme des animaux, Georges Orwell
*Le vieil homme et la mer, Ernest Hemingway
Dans la bibliothèque d'Emmanuelle Favier
Je ne sais pas pour vous, mais les rencontres, en littérature, sont parfois comme les rencontres avec les personnes. Coup de foudre au premier regard, amitiés au long cours ; besoin de s'apprivoiser un peu, envie de tout quitter. Et puis bonheur de replonger dans quelques pages, de ce livre dont on sait qu'il est là, et qu'il compte, pour toujours.
Dans son appartement bibliothèque, Emmanuelle Favier m'a invitée à prendre un thé. Autour de nous, il y avait Virginia Woolf, Roberto Bolano, Marguerite Yourcenar, William Faulkner... et beaucoup d'autres.
Toutes ces pages lues et qui deviennent bien plus que des mots. Qui font partie de nos vies, nous construisent, nous font tenir debout. Dans les moments de doute, de peine, même de joie intense, choisir un livre pour soi, le partager avec quelqu'un qu'on aime, en voler quelques lignes et retourner au monde, plus forts.
Emmanuelle Favier est une conteuse poétique, une ensorceleuse littéraire. Avec elle, c'est en voyage qu'on part, très loin, au bout de ses pages, et dans les pays qu'elle fait traverser à ses personnages.
Si vous ne l'avez pas encore lu (quelle chance d'avoir à le découvrir...) précipitez vous sur La Part des cendres, son dernier roman, qui sort en poche aujourd'hui, et qui vous laissera le coeur battant, à bout de souffle, entre la joie de la traversée et la mélancolie des fins de romans.
Elle, vous allez l'entendre, ressemble à ses livres. Précise, drôle, chaleureuse, amoureuse, de cet amour qui rend la lecture, et l'écriture, si essentielles à nos vies. De sa plume élégante, entêtante, magnétique, j'ai tout aimé, dans tous ses livres.
Ce podcast est à écouter en écoutant tomber la pluie, en rêvant à une lettre d'amour cachée dans un poème, sans reprendre son souffle peut-être, et avec la certitude de se retrouver, encore, au bout du chemin. Bienvenue dans la bibliothèque de la grande Emmanuelle Favier, et belle journée dans les livres.
Une partie de sa sélection
*Le Bruit et la fureur, William Faulkner
*Les Détectives sauvages, Roberto Bolano
*L'Oeuvre au noir, Marguerite Yourcenar
*Boussole, Mathias Enard
*Rimbaud, le fils, Pierre Michon
*Une saison en enfer, Arthur Rimbaud
*Le général Dourakine, la Comtesse de Ségur
*Jojo Lapin, Enid Blyton
*L'Education sentimentale, Gustave Flaubert
Dans la bibliothèque de Nicolas Garma-Berman
Je vous écris depuis les derniers jours de l'été, pour vous parler d'une rencontre parisienne qui a eu lieu il y a deux mois maintenant. Quand le livre de Nicolas Garma-Berman est arrivé entre mes mains, j'avais pour mission de le lire et de donner envie à d'autres libraires de le lire.
C'était la soirée de présentation des éditions Belfond, et je posais des questions à un auteur sur son 2ème roman, L'Epaisseur de l'aube. Dans ce livre, deux frères ; autour d'eux, des silences, de la musique, des fantômes. Dans notre conversation, j'ai retrouvé un peu de ces ingrédients.
Il y avait un verre de vin et du popcorn, un serveur grincheux et des jeunes filles en fleur ; il y avait des titres en forme de chansons et des silences qu'il faut faire taire, des histoires qui viennent de loin, racontées le soir, et qui restent comme le tout premier souvenir. Celui qu'on transmet à son tour, pour endormir son petit garçon. Il y avait des mots qui disent plus loin, qui emmènent vers un pays lointain, et des livres qui voyagent, à travers le temps, l'espace. Il y avait des rencontres avec des histoires comme avec des amis. A nous de choisir ce que nous voulons faire de ces rencontres : continuer le chemin ou attendre un autre moment?
Aujourd'hui, c'est votre tour de faire connaissance avec Nicolas, avec son livre qui sort ce jour, et avec sa bibliothèque intérieure. Nous sommes infiniment heureux de commencer notre année littéraire en sa compagnie, et avec vous, qui nous écoutez et nous soutenez depuis si longtemps.
Ce podcast est à écouter en buvant un verre dans le soir de l'été qui se finit, avec l'espoir des jours qui reviendront, dans l'attente magnifique de ce qui arrivera, n'arrivera pas, cette année, dans un train qui file vers ailleurs, vers soi-même, vers tout ce qu'il nous reste à partager ensemble.
Une partie de sa sélection
*L'Odyssée, d'Homère
*La grosse bête de M. Racine, Tomi Ungerer
*Le Baron perché, Italo Calvino
*La Vie devant soi, Romain Gary
*Kafka sur le rivage, Haruki Murakami
*Les Raisins de la colère, John Steinbeck
*Le Soleil des Scorta, Laurent Gaudé
*Les Vestiges du jour, Kazuo Ishiguro
*Martin Eden, Jack London
*1984, Georges Orwell
*L'absence est une femme aux cheveux noirs, Emilienne Malfatto
*Mémoires d'un métier, Stephen King