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Jour 45

Jour 45

Il aura fallu ça, ce temps de latence, pour que je plonge enfin dans l'histoire de Sarah.

"Latence" : temps qu'il y a entre deux moments importants.
Est-ce qu'aujourd'hui est latence ou attente ? 
Et quoi d'important ? Est-ce que ça compte encore, tout ça : les lectures, les livres ouverts, à voix haute, les télé-liens sur les réseaux sociaux ?

On m'a demandé lors d'une interview de libraire : "Que souhaitez-vous aux gens en ce moment ?"
J'ai répondu de profiter de ceux qu'ils aiment, éperdument. J'ai hésité à corriger ces mots tartes-à-la-crème... mais je les ai gardés parce que c'est profondément ce que je crois.

Ça raconte ceux qu'on aime. Ça raconte les mots d'amour et les poèmes, les souffrances atroces et les envies d'évasion.
Ça raconte les histoires qu'on se raconte tous les soirs avant de dormir, et même pendant la journée maintenant, la nuit le jour, ça n'a plus d'importance.
Ça raconte les livres pour sauver la vie, ça raconte l'amour fou, l'amour pas-comme-il-faut, le besoin de le dire, et la vie romanesque qui coule entre deux pains au chocolat.
Ce superbe roman de Pauline Delabroy-Allard ne raconte pas forcément tout ça. Mais il a ouvert cette brèche, qui ne se referme plus... 

Ce livre est un poème. Une déchirante déclaration d'amour. Des mots qui, pris un par un, sont beaux, et mis ensemble, deviennent une bombe à fragmentation. Des petits morceaux qui explosent chacun leur tour et font tomber les masques.
Ça raconte un peu l'humeur du moment...

A très bientôt pour se donner des nouvelles de la réouverture...
Belle journée dans les livres !

Ça raconte Sarah, Pauline Delabroy-Allard, éditions de Minuit (Poche), 3 mars 2020, 192 pages, 7,80 €

Dolly Choueiri, Libraire
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