Confidence nocturne

Pourquoi un livre, plutôt qu'un autre ? Pourquoi sur la pile qui t'appelle, tu diriges ta main vers celui ci en particulier ? Pourquoi l'intuition de te reconnaître. De te raconter une histoire ?

Avant, il y a les petites filles aux lunettes papillons et aux cheveux longs. Avant, être mignonne, sage, polie, souriante. Travailler ton sourire pour masquer les failles. Ça marche alors tu continues.
Avant, le grand amour. Celui dont tu veux qu'il remplisse ta vie. Littéralement, avec un corps d'enfant vivant qui viendra t'habiter. Et t'aimer aussi, immensément, quoi qu'il arrive. Telle que tu es.
Avant, l'attente impatiente. Les fêlures de côté puisque remplie d'amour.
La voix qui te dit, depuis toujours, qu'être désirée, c'est être aimée. Ne pas savoir autre chose que ce que renvoie le miroir du regard des autres.

Après, l'incompréhension. Le brouillon de toi. De ce que tu imaginais être toi. Après, vouloir le mode d'emploi, qu'on te dise quoi faire, et que tu le fasses, comme toujours, suivre le modèle à la lettre, ne pas savoir, mais faire ce que l'on attend de toi. Après, les larmes, le bruit, le sang. Après, les nuits sans sommeil et les beances au bord du coeur. Les crevasses sous les yeux, la colère de n'être pas à la hauteur. Croire le chemin terminé, croire que ça ne dépend que de toi.
Comprendre qu'il y a une vie qui ne veut pas de tour de contrôle. Ne pas savoir, et la colère.

Après, la rencontre avec soi. Avec un regard qui n'a que faire des artifices.
Et, finalement, au fond de toi qui affleure et qui sauve, comme une sorte d'apaisement.
"Je suis la mère funambule.
Mais je suis là."
Difficile de mettre des mots froids sur ce roman vivant qui parle au moindre pore de ta peau. Qui appelle ce qui dort derrière les sourires.

Merci !

Le Corps d'après, Virginie Noar, éditions François Bourin,
22 août 2019, 256 pages, 19 €
ISBN 9791025204566