Sur son chemin clair
Il ramasse l'écharpe tombée à terre d'une vieille dame qui sort du RER et qui ne lui jette pas même un regard.
Emmitouflé dans sa doudoune, et dans le sourire qui passe dans son regard, il se replonge dans sa lecture, Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson.
Dans l'atmosphère étroite de ce matin d'hiver, entre des yeux rivés sur des écrans et des vitres qui défilent, son esprit s'évade sur les routes, les forêts, les mille trésors à portée de chemin.
Et moi, face à lui, les questions au bord des lèvres, je n'ai pas eu le courage de l'aborder.
Impression paradoxale de m'immiscer trop loin dans une intimité de lecture, alors la photo que je n'ose pas lui demander, je la vole, avant qu'il ne descende du train.
Penaude et triste de cette rencontre inaboutie dont la pensée me suivra toute la journée.
Il est certaines beautés qui n'existent que dans l'inachevé...