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Elle me dit...

Elle me dit...

Elle me dit : "Je ne veux pas apparaître sur la photo. Le livre seulement. Mes mains qui le tiennent peut-être...."
Ça ne me surprend pas, elle a toujours été de celles qui préfèrent faire briller les autres. Celle qui souffle sur les petites flammes et fait éclore les grands feux de joie.

Ce livre je sais qu'elle l'a choisi avec soin pour notre rendez-vous.
Elle m'en a lu la première page, sublime, et a déjà volé jusqu'à la fin. Elle me dit ce livre là, on a le droit de le lire comme on veut : de la fin au début ou inversement, par petites bouchées, d'une traite, plusieurs fois aussi.

Dans ce texte hommage à la lecture, Christiane Taubira dialogue avec les auteurs qui l'ont construite et nous donne à entrevoir sa bibliothèque intérieure.
Elle me dit l'écriture sophistiquée, ardente, à l'image de la femme qui écrit. Le titre seul embrasse tous les arts en deux mots comme des notes de musique ou des pas de danse.

Elle me dit... on ne va pas par hasard vers un livre. Nous avons aussi notre bibliothèque intérieure, nos questionnements, nos parcours. Le livre qu'on lit s'inscrit dans une histoire, la nôtre. Il nous lie. A celles et ceux qui sont nés avant nous. Ceux qui nous ont rendus fiers. Ceux qui ne nous ont pas raconté aussi. Qui nous ont privés d'un morceau de nous. Le livre fait le lien, répare, tend le fil qui manque, et c'est ce qui peut nous bouleverser.

Elle dit un livre n'est pas une douce aventure. Au début d'une page on prend le risque de changer. Le risque ou la chance.

Le livre comme une main tendue, tenue, avec les autres et avec soi.

Dolly Choueiri, Libraire
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